Pour Jérémy Narby, notre société occidentale doit recentrer sa vision de la nature sur l'idée de solidarité. Nous devons réviser nos pratiques et notre pensée. Ce docteur en anthropologie montre que les bactéries, les plantes, les animaux et les autres formes de vie non humaines font preuve d'une étonnante propension à prendre des décisions déterminant leurs actions. Au cours d'un voyage extraordinaire, Narby nous emmène de la forêt pluviale aux laboratoires hi-tech dans un ébouriffant dialogue avec des guérisseurs traditionnels et des scientifiques de pointe explorant les sciences du vivant.
Des moisissures visqueuses unicellulaires peuvent résoudre des labyrinthes.
Les abeilles, dont le cerveau a la taille d'une tête d'épingle, font usage de concepts abstraits. Les plantes parasites, appelées " cuscutes ", peuvent juger correctement le contenu nutritionnel de leurs victimes et décider s'il convient de les exploiter ou s'il leur faut chercher ailleurs...
Jérémy Narby a changé notre façon de comprendre les cultures et traditions chamaniques en publiant le livre « Le Serpent cosmique », l'ADN et les origines du savoir. Il y révélait la capacité de savoir contenue dans la Nature, telle qu'elle est connue dans les sociétés indigènes.
A la question posée par Réda Benkirane : « Vous décrivez l'ayahuasca comme tour à tour le microscope, la télévision, l'Internet de la forêt. Cet hallucinogène ouvre-t-il la voie à une observation, un accès à l'information comparable à nos déambulations (pour l'heure au stade de balbutiements) dans l'univers cybernétique? Quel type d'information peut-on chercher - et trouver - par ce biais? La notion d'interactivité est-elle concevable pour un ayahuasquero? », Jérémy Narby répondra :
« J'embrasse les métaphores comme voie de compréhension, mais il s'agit de les manier avec soin. L'ayahuasca donne accès à des images sonores tri-dimensionnelles, ultra-colorées et capables de défiler à une vitesse ahurissante; ces images sonores semblent contenir de l'information bio-moléculaire et curative, entre autres, et elles sont essentiellement interactives. Le travail du chamane consiste à interagir avec ces images de façon à en ramener de l'information utile et vérifiable dans la réalité quotidienne. Cette interaction s'articule autour de la voix, du son, du chant -- et de la mémoire, avec le chant, encore une fois, comme support mnémonique. Notez qu'il ne s'agit pas de texte, et qu'il n'y a ni claviers, ni écrans, comme avec l'Internet: voici les limites de la métaphore. Durant les visions, il n'y a pas besoin d'attendre que les images s'inscrivent sur l'écran; au contraire, on fait face à un trop plein, un défilé vertigineux. Le débit des images est d'un autre ordre. Par contre, de la métaphore je retiens le côté "world wide web", parce que, d'après mon hypothèse, c'est le réseau biosphérique de la vie à base d'ADN qui est la source des images ».
*« Le serpent cosmique », J. Narby, Ed. Georg. 1995.
*« Intelligence dans la nature : en quête du savoir », J.Narby, Ed. Buchet Chastel, 2005.
*« Plantes et chamanisme : conversations autour de l'ayahuasca et de l'iboga » de J. Kounen, J.Narby et V.Ravalec, Ed. Broché,
2008.
PSYCHOLOGRAMME
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