Le Monde selon...CHAUVIN

« Il est bien plus beau de savoir quelque chose de tout que de savoir tout d'une chose. » Blaise Pascal.

 Partant de l’affirmation de Lamarck selon laquelle la fonction crée l’organe, Rémy Chauvin s’interroge sur la question suivante : « Y-a-t-il dans le monde vivant quelque chose d’analogue à la volonté et à l’intelligence ? »

 

 En s’appuyant sur la complexité chez l’être vivant dans l’accomplissement d’un simple mouvement musculaire, les différents systèmes neuromusculaires mis en jeu simultanément avec leur flexion, contraction, extension, Chauvin nous rappelle qu’un «  programme » est à chaque fois sollicité, actionné par ce que l’on peut nommer la Volonté.

Mais qu’est-ce que cette volonté ?

 

 « La volonté », nous dit Chauvin, « est une force ou une propriété de nos cellules nerveuses qui peut agir sur les nerfs et les muscles et non pas au hasard, car elle peut programmer. »

 

 Chauvin rajoute alors deux propriétés et non des moindres : cette force volontaire est inconsciente (nous ne pouvons la provoquer) et universellement répandue dans la nature : « La volonté est programmante et son mécanisme est inconscient. N’est-ce point de quelque chose comme cela dont nous avons besoin pour expliquer l’évolution ? »

 

 Un seul élément suffirait alors pour transformer cette « programmatique » (terme proposé par Chauvin pour sa force programmante) en théorie de l’évolution et quoi de plus naturel que de proposer à ce ‘prestigieux poste’ notre bon vieil… ADN !

 

 L’ADN crée des organes, les modifie dans un sens précis, programme de manière totalement inconsciente. Pour Chauvin, « l’ADN a formé le cerveau et sans doute à son image : ne lui aurait-il pas délégué une partie de ses pouvoirs car lui aussi programme et de manière inconsciente. » Quel exemple plus explicite que les maladies psychosomatiques pour témoigner de l’action de la programmatique sur le corps…

 En s’appuyant sur les caractéristiques de coopérations, de communications entre les différents règnes du vivant, que nous avons abordées ultérieurement, Chauvin, comme d’autres évolutionnistes, émet l’idée suivante : l’important n’est pas l’individu mais le génome.

 

 « On peut, sans trop d’inconvénient, en faisant tout juste appel aux métaphores, admettre que le génome est un seul être très ancien, qu’il est la seule réalité alors que les individus ne sont qu’une illusion fugitive, qu’il est doué d’une certaine mémoire et qu’il explicite automatiquement les mécanismes dont il est porteur dés que l’occasion se présente… Mais il nous faudrait quelque chose de plus, un saut qualitatif : en plus de sa mémoire il lui faudrait encore une fois percevoir le monde extérieur ; il faudrait qu’il ne soit pas seulement capable d’action, mais d’une perception, d’une combinaison informée par la perception. Voilà ce que la raison ou le rêve exigerait… »

 

 A l’image de cette relation ‘improbable’ entre l’insecte et la plante, symbolisée par le goryte et l’orchidée, des exemples similaires foisonnent dans la nature.

 

 « A côté de notre intelligence concentrée, il en existe donc une autre diffuse, à demi consciente ou inconsciente sans doute, très lente (il lui faut des milliers ou peut-être des millions d’années pour agir), douée d’organes des sens, d’une mémoire (on sait que le génome est la mémoire héréditaire) et d’une intelligence (qui ne peut se trouver elle aussi que dans le génome). »

 

 Image étonnante qui pourrait en laisser plus d’un rêveur…

 

 Et si la matière faisait preuve d’esprit ?

 

 Rémy Chauvin s’y abandonne : « Qui es-tu donc, comment faut-il t’appeler ? Poussée interne de la matière, élan vital, idée organo-formatrice ? Notre naïveté n’adore plus le dieu Hasard, et les anciens problèmes que nous pensions supprimés grâce à un artifice de langage, nous écrasent à nouveau. Rien n’explique l’évolution pour l’instant et nous n’y voyons que la poussée vers la complication // La matière ne peut que créer la vie, elle remplira son rôle par tous les moyens : seul point dont nous soyons à peu près sûrs. Mais Gödel nous a appris que les mathématiques ne pouvaient trouver leur fondement en elles-mêmes mais dans une synthèse plus vaste. Sans doute en est-il de même pour la biologie… C’est pourquoi tu nous abandonnes ici, subtil démiurge, au seuil de la métaphysique… »

« La Biologie de l'Esprit », R. Chauvin, Ed. Broché, 1992.

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