Le Monde selon... SHELDRAKE

« Choisir, donc exclure. » Henri Bergson.

 Pour Rupert Sheldrake, biochimiste à l'université de Cambridge, un « champs » connecterait chaque individu avec tous ceux de son espèce.

 

 Nous savons que l'ADN de nos cellules peut-être assimilé à un code contenant des informations qui décrivent comment les protéines de l'organisme doivent être assemblées. Pour un organisme vivant donné, le code génétique de chaque cellule le composant est le même pour toutes.

 

 La question que se pose Sheldrake est donc la suivante : Comment une cellule d'un organisme donné va-t-elle savoir la fonction qui lui est attribuée? En d'autres termes, quel est l'élément qui pousse l'ADN à prendre telles ou telles décisions dans la construction d'un organisme vivant? Le domaine qui intéresse donc Sheldrake est celui de la morphogénèse (du grec 'morphe', signifiant forme, et 'genesis', signifiant naissance) et plus particulièrement l'étude de ce « champs » qui permettrait l'assemblage cohérent de tout organisme.

 

 Un des éléments troublants de cette morphogénèse est celui de la « régulation » s'opérant lorsqu'un événement modifie le bon déroulement du développement de l'organisme.

En effet, si nous divisons en deux une masse de cellules à un certain stade de son développement, nous n'obtiendrons non pas, en finalité, la moitié de l'individu programmé mais bien deux individus identiques.

 

 Nous noterons dans ce phénomène l'étrange similitude avec les propriétés caractéristiques de l'hologramme : chaque moitié contenant la « version  complète » de l'originale...

 

 L'élément tout aussi troublant est celui de la « régénération » ou capacité pour certains organismes de réparer des éléments endommagés ou de les remplacer s'ils sont perdus. L'exemple le plus usité est celui du triton et cela pour deux raisons : la première est qu'elle illustre parfaitement le propos précédemment cité par le fait que si un triton perd une patte, celle-ci ne tarde pas à repousser.

 

 La seconde parce qu'une expérience, réalisée au début du siècle par le biologiste Gustav Wolff interpella quelque peu le milieu scientifique. En effet, lors d'une expérience, Wolff retira chirurgicalement le cristallin de l'œil d'un triton. Par la suite, un cristallin se reforma mais alors qu'un cristallin d'un embryon de triton se forme naturellement à partir de la peau, le nouveau cristallin se régénéra à partir de l'iris du triton.

 

 Ce phénomène nous rappelle, une nouvelle fois, cette étrange similitude avec une propriété holographique...

 

 En s'appuyant sur une théorie présentée dans les années 20 par deux spécialistes en embryologie, Alexander Gurwitsch et Paul Weiss, selon laquelle des champs morphogénétiques contrôleraient la morphogénèse, Sheldrake étend l'idée de ce champ jusqu'à un contrôle du comportement même de l'organisme vivant.

 

 L'une des expériences citées par Sheldrake est celle du psychologue William Mc Dougal, portant sur le comportement des rats durant prés de 35 années. (voir ***).

 

 Pour Sheldrake, cette expérience est bien la preuve que chaque espèce possède son propre champ morphogénétique. Ce dernier renfermerait, inscrit dans son code, toutes les structures et comportements déjà observés dans l'espèce.

 Les comportements acquis ne seraient donc pas perdus à la mort d'un individu et les comportements innés ne seraient pas le seul résultat d'une mutation génétique spontanée et due au hasard; le comportement habituel, le hasard naturel et les forces d'innovation travailleraient ensemble, dans un équilibre dynamique.

 

 Ainsi, tout embryon pourra donc, en cours de développement, partager le champ morphogénétique de son espèce.

 

 « les structures de systèmes passés affectent les systèmes ultérieurs par une influence cumulative agissant à la fois à travers l'espace et le temps » : c'est l'« hypothèse de la formation causale » ou « causalité formative » de Sheldrake.

 

 Pour Sheldrake, les organismes se développent sous l'influence d'organismes similaires ultérieurs grâce à un mécanisme qu'il nomme la « résonance morphique ».

 

 Sheldrake écrit : « Puisque ces organismes précédents sont plus similaires entre eux qu'identiques, lorsqu'un organisme ultérieur est sous leur influence collective, ses caractéristiques morphogénétiques ne sont pas précisément définies; elles se composent plutôt d'une combinaison de formes similaires ayant déjà existé. Ce processus est semblable à la photographie composite, dans laquelle une photo 'standard' est créée grâce à la superposition de plusieurs images analogues. Les caractéristiques morphogénétiques sont des structures de « probabilité » dans lesquelles l'influence des types passés les plus répandus se combinent pour augmenter la probabilité que ces types réapparaissent ».

 

 Selon lui, rien ne prouve que l'ADN contienne le code biologique d'un organisme. Il nous propose la métaphore suivante : imaginez un homme n'ayant jamais vu de poste de télévision et essayant d'en expliquer d'en expliquer le fonctionnement. S'il ignorait tout des radiations électromagnétiques, il pourrait imaginer que les images apparaissant sur l'écran sont un pur produit des composants internes du poste.

 

 S'il entreprenait de le démonter, sa théorie trouverait une rapide confirmation car il découvrirait bientôt que toute altération des circuits internes affecterait l'image sur l'écran.

 

 Sheldrake voit les biologistes dans la même situation que cet homme. Ils s'obstinent à croire que la forme et le comportement sont totalement inscrits dans les gènes (le mécanisme de la télévision) et ont perdu de vue que les champs morphogénétiques (les ondes transmises et captées par la télévision) pourraient aussi être une partie intégrante de l'explication du fonctionnement du système.

 Nous avons vu avec l'exemple des singes Macaca Fuscata (voir***), sur l'île de Koshima, lors de l'apprentissage du lavage des patates douces dans l'eau de mer, l'implication sociale que revêt la théorie des champs morphogénétiques.

 

 En partant de ces faits, Sheldrake émet l'hypothèse que chaque espèce serait dotée d'une sorte d'esprit collectif. Il soutient ce phénomène en se référant à certaines pratiques parmi les insectes, telles que les termites ou les guêpes qui, à fin de reconstruction de leur habitacle endommagé, utilisaient des techniques non-employées en temps ordinaire.

(comparaison facile avec la régénération du cristallin de notre précédent triton...)

 

 En s'appuyant sur plusieurs expériences psychologiques impliquant l'apprentissage humain, Sheldrake soutient qu'un certain nombre d'anomalies biologiques sont résolues grâce à la résonance morphique, notamment la mémoire personnelle (qui sans quoi requiert l'existence d'un mécanisme de stockage d'information élaboré dans le cerveau), l'atavisme et l'évolution parallèle.

 

 Il soutient donc que l'existence de caractéristiques organisatrices, avec ou sans mémoire inhérente, expliquerait des phénomènes allant du comportement social coordonné entre insectes, aux vols d'oiseaux et aux bancs de poissons en passant par la régénération de membres coupés chez les salamandres ou la sensation de membre fantômes chez les amputés. Dans ce dernier cas, les caractéristiques organisatrices du membre resteraient présentes même après la disparition du membre lui-même.

 

 C'est donc par le biais de la résonance morphique que les êtres se mettent en phase avec la mémoire collective de l'espèce, et de cette manière entrent en communication avec leur passé collectif en y apportant à leur tour leur propre contribution (résonance entre la conscience d'un individu et la mémoire collective).

Sheldrake nous propose une alternative aux théories concernant le stockage des souvenirs dans le cerveau. Ces derniers ne seraient pas inscrits sous forme de traces matérielles dans le cerveau. Les champs morphiques qui organisèrent dans le passé, notre comportement, notre activité mentale, pourraient redevenir présents par résonance morphique.

 

 Rupert Sheldrake attribue en fin, aux champs morphiques le rôle d'intermédiaire entre le Soi conscient, l'environnement et le corps en étant en quelque sorte un 'filtre' au travers duquel l'hologramme cérébral nous permet d'interpréter le monde. (c'est cette interprétation qui permet par feed-back de faire évoluer le champ morphogénétique).


 *R. Sheldrake, Une Nouvelle Science de la Vie, Ed. Du Rocher, 1981.

*R. Sheldrake, La Mémoire de l'Univers, Ed. Du Rocher, 1988.

Comment nous joindre

PSYCHOLOGRAMME

 

espace HYPNOSUD
2 place de la Chapelle Neuve 

34000 montpellier

Actualités